Confessions d'un 8 : Sébastien Destremau

C'est toujours la même émotion pour moi de découvrir une personne qui se met à nu en mettant son coeur et ses tripes sur la table pour raconter sa vie. Parce qu'alors, ô merveille, la carte de l'Ennéagramme - qui est la carte de l'âme humaine - devient vivante.

 

Si vous voulez comprendre le territoire 8 comme si vous y étiez, suivez le guide ! Sébastien Destremau en a fait le tour pour vous. Son plus bel exploit pendant ce Vendée Globe de 2012 : trouver la clé pour décadenasser son coeur.

 

(Tous les textes ci-dessous, hormis les sous-titres et les notes entre parenthèses, sont extraits de 

"Seul au Monde, 124 jours dans l'enfer du Vendée Globe"- Sébastien Destremau)

 

Enfance, Injustice

J'ai neuf ans et, dans ma gorge serrée, des larmes de rage pour toute une vie.

Un jour je serai grand et je n'obéirais à personne.

 

Dès que je suis à l'abri du regard de mon père, Je prends ma revanche sur l'injustice. Je grandis en garçon gueulard, colérique, provocateur. J'aime la bagarre (…) la loi n'a aucun pouvoir sur moi.

 

Je hais tellement l'école, Je maudis si fort ces longues heures loin de mon frère, que je passe ma rage sur mes petits camarades puis, très vite, sur mes maîtresses.

 

J'ai ma bande. Cinq ou six garçons de mon âge sur lesquels j'exerce une emprise totale.

 

Cette année-là, quand la maîtresse (…) me colle une gifle pour mes retards je la lui rend direct. Gros scandale (…) j'ai pris tellement de corrections qu'elles finissent par se confondre dans ma mémoire. De toutes façon, c'est toujours moi qui prends même quand ce n'est pas de ma faute.

 

Mon père est injuste, l'école est injuste, Ma vie est injuste. (…) C’est elle (cette maitresse) qui a payé l’addition. Je l'ai envoyée en dépression avant la fin du deuxième trimestre.

 

J'en bave et j'en fait baver à tout le monde. L'Education nationale décidera de me radier de tous les établissements de France.

 

Ce ne sont pas ses coups (son père) qui m'ont fait le plus de mal mais ce sentiment d’injustice. Il est né dans mon enfance et ne m'a plus jamais quitté. Aujourd'hui encore, j'en porte la marque : l’arbitraire, l'abus de pouvoir font renaître en moi une haine inassouvie. Cette blessure ne cicatrisera jamais. Je suis seul à la porter.

 

Mon éducation, la vindicte de mon père et le sentiment d'injustice que j'éprouvais gamin ont forgé l'homme que je suis devenu : libre jusqu'à l'excès - mais peut-on être trop libre…-, Orgueilleux, impulsif. Pudique. Incapable de me mettre à nu et de poser des mots sur mes sentiments.

 

La pire trahison, c'est de ne pas tenir sa parole. Sûrement que cette stupide histoire de vélomoteur à touché chez moi la corde la plus sensible, celle de l’injustice.

 

Prendre le large

Moi, je me fiche déjà des apparences et du confort matériel. Je veux bien chausser des semelles trouées du moment que je peux prendre le large avec ce monde cruel.

 

J'ai beau n’être qu'un adolescent, il me tarde de me jeter dans ma vie d’adulte. 

 

(A seize ans) je pars travailler dans un atelier de soudure tenu par un ami (…) je me suis émancipé de toute autorité. Plus personne n'a le droit de me dire ce que je dois faire.

 

Dans la vie, faites toujours ce que vous voulez faire, même si il y a des risques… Allez au bout de vos rêves, sans vous soucier du reste, il n'y a que ça qui compte…(Dernier mot à ses enfants avant de partir pour le Vendée Globe).

 

Faire des choix

D'abord je décide, ensuite je vois comment je m'y prends.

 

Je n'ai pas peur de faire des choix. C’était même ma spécialité dans les années 1990 quand j’étais technicien sur les bateaux de la Coupe de l’America.

 

(A propos de sa première femme) j'ai foncé la tête la première dès que je l'ai rencontrée.

 

Besoin de liberté, d’autonomie 

Je hais la routine, les codes, les bons sentiments. L'autorité m’étouffe, la bien-pensance aussi. Je veux une vie avec vue sur les grands espaces. Il n'y a que la possibilité d'une fuite qui me rassure.

 

Je me pose là où le vent me porte. Je vis entre deux continents. Le voyage est ma maison.

Je n'ai rien gardé. Mais j'ai peut-être conquis le bien le plus précieux : ma liberté, envers et contre tout.

 

Quand je me lance un défi, je ne sais jamais si j'aurai les épaules assez larges pour en sortir indemne. La plupart du temps, j'en doute. Sinon, ce ne serait plus un défi. À ce jeu là, je sais que je ne peux pas toujours gagner. L'essentiel est d'avoir la force de rebondir ailleurs, plus loin, plus haut. Est-ce ma faute si mon besoin vital de liberté fait tant de mal aux autres ?

 

Nécessité de défier la vie

Pour avancer, j'ai besoin de me placer au pied du mur. S’il est infranchissable, c’est encore mieux. Toute ma vie, je me suis lancé des défis plus grands que moi.

 

Avec moi, Il n'y a pas de demi-mesure, C'est tout blanc ou tout noir. Si je me mets en danger, Ce n'est pas par bravade ou par masochisme, mais pour savoir ce que j'ai dans le ventre.

Si le Vendée Globe m’attire, C'est parce qu'il n'y a pas de course plus dure au monde.

 

De l'Atlantique aux mers du sud, je n'ai pas doublé grand monde mais je me suis dépassé chaque jour, chaque nuit, chaque heure, presque chaque minute.

 

Se battre ou rien, besoin d’adrénaline

J'ai la compétition dans le sang et dès qu'il faut se battre avec les autres, je suis dans mon élément.

 

Depuis l'enfance, Je cours après les sensations fortes. Ça remonte à l'âge de mes premiers coups de poing (…) sur un bateau ou derrière mon tiroir caisse, c'est la même adrénaline (…) je veux vivre mille vies en une. Trancher les amarres de ma mémoire blessée. Ne plus me laisser enfermer.

 

C'est quelque chose que j'ai dans le sang : le combat, le duel avec le vent pour seul arbitre. À la fin, on gagne ou on est mort. J'adore… là, je suis mort mais c'est juste une question de semaine pour ressusciter.

 

Au fond, je me fiche bien de travailler gratos pourvu que je sois payé en adrénaline.

 

Et l'Innocence ?

« Bonjour Sébastien, où est ce que tu jettes l’ancre de ton bateau quand il fait nuit? »

Génial. Merci Quentin! Mon premier sourire depuis que je suis parti (…).

C’est quand même beau l’innocence de l’enfance.

 

Et enfin, retournement au milieu de l’océan...

Tout ce qui a trait à la compétition, tout ce qui me semblait prioritaire jusque-là, me semble soudain presque dérisoire. La crainte de l’abandon (course), la fatigue accumulée durant cette période, ont fissuré mes défenses. Toutes les digues patiemment construites depuis l'enfance ont sauté, emportant avec elle mon armure de pudeur, mon bouclier de faux-dur et mon épée de certitudes. Ce ne sont plus les aléas de la course qui me tenaillent mais un flot de souvenirs, de joies, de peines qui me visitent à l'improviste et dont je ne sais que faire. A chaque kilomètre que je parcours, ma vie défile. Les nerfs à vif, je suis seul et nu face à moi-même. (…) je voulais bien croire qu'au franchissement du Cap Horn je deviendrais un autre homme. Mais je n’étais pas préparé à ce bouleversement intime, là, maintenant, au beau milieu de l'Atlantique sud, pour une simple panne mécanique.

 

Personne, ici, ne peut me voir. Je n'ai pas peur de passer pour un fou ou pour un faible, je n'ai plus honte de mes sentiments. Quand je me suis mis au défi, c'était pour voir ce que j'avais dans le ventre. Je pensais n'y trouver que du courage et, chaque jour, je fais de nouvelles découvertes. C'est fou tout ce que j'ai pu cadenasser dans mes entrailles.

 

Les larmes m'ont fait du bien. J’ai tant de choses sur le cœur qui ne demandent qu'à sortir. Je suis tellement différent en ce moment que sur terre, où je cadenasse mes sentiments sous une chape d'orgueil et le verrou de la maladresse.

 

Rappel du cours...


Le type puissant, dominateur. Les HUIT ont une grande confiance en eux, sont forts et assertifs. Protecteurs, prenant des initiatives et aimant décider, ils peuvent aussi être fiers et imposants. Les HUIT ont besoin de contrôler leur environnement, allant pour cela jusqu'à la confrontation et l’intimidation. Leurs problèmes typiques résident dans leur difficulté à s’autoriser à être proches des autres.

Les HUIT qui évoluent à un niveau d’être élevé sont maîtres d’eux-mêmes, utilisent leur force pour améliorer la vie des autres, peuvent être héroïques, magnanimes, jusqu’à laisser leur marque dans l'histoire.

Aller plus loin

Écrire commentaire

Commentaires: 0