Petits pas ou grand saut ?

J’ai toujours considéré cette vie comme un chemin, sur lequel nous sommes tous pèlerins…Que la destination soit claire ou non, finalement nous avançons. Nous avons parfois l’impression de faire de grands pas, puis de tourner en rond, voire pire, de reculer. Qu’importe ! De toute façon, chaque pas effectué va nous apprendre quelque chose et est donc un pas en avant.

 

Que se passe-t-il quand nous butons contre un obstacle plus grand que nous ?

Cela m’est arrivé récemment : un « rocher » non attendu s’est planté devant moi. Trop gros pour moi. Ou bien, face à lui, à ce moment-là, je me suis sentie vraiment trop petite. Bref il était là et je n’arrivais pas à en faire le tour. Dans ces cas-là, les journées sont longues. Il manque le souffle, la lumière, et la légèreté de la vie. Tout est pesant, l’horizon est fermé. On se sent impuissant…jusqu’à s’interroger sur cette bonne volonté que l’on se prête, de faire ce qu’il faut pour se sortir de là.

 

On se cogne la tête dessus et on finit par voir - c’est toujours un choc - qu’il est fait d’émotions négatives qui se sont solidifiées en sentiments tout aussi négatifs et qu’on est pris au piège dans ce cloaque.

 

Les émotions sont censées passer, comme les vagues qui grossissent et disparaissent sur le sable. Si elles ne passent pas, c’est que le « système opérationnel » de la machine s’est grippé. Ou il a été « hacké » ! Les protections ont failli. (comprendre : veille insuffisante, manque de conscience de soi, de l’autre et de la situation). Effectivement, quand je « dors » au moment où la vague arrive, il y a de fortes chances qu’elle me submerge et me fasse boire la tasse.

 

Tenter des petits pas...

Une fois l’état des lieux fait, on tente des petits pas à droite et à gauche pour se sortir de là. J’ai souvent essayé ces petits pas : ils sont plein de bonne volonté, ils essayent, tâtonnent, mais ils ne peuvent pas faire grand chose, comme si un petit pas en avant vous ramenait deux pas en arrière. Résultat : le rocher semble grossir à vue d’oeil.

 

Donc je n’y crois plus à ces petits pas, ces efforts faits avec les petits muscles de l’ego, plein de soi et de son orgueilleuse souffrance qui justifie tout.

 

Donc maintenant, je mise plutôt sur « le grand saut » : changement de vitesse, changement de tableau, changement de niveau de conscience ! Nouvelle perspective, nouvelle énergie ! Bref, le système qui se reboote de lui-même.

 

Mon experience de ce grand saut, quand il a lieu, est que le rocher est littéralement pulvérisé. A tel point qu’on se demande ensuite : comme ai-je pu rester coincé derrière ? Voire même : comment a-t-il pu arriver là ?

 

Souffle, lumière, légèreté, joie. Tout revient d’un coup, comme si rien ne s’était passé. Seul le souvenir de ces jours sombres reste. Comment est-ce possible ? Changement de niveau de conscience ! Un voile s’est déchiré et on a fait un saut dans « une nouvelle dimension ».

Je sais qu’il n’y a pas de recette et que chaque grand saut est unique et particulier. Mais si je pense au dernier qu’il m’a été donné de vivre, voici ce que je note :

 

Tout d’abord, grâce à l’Ennéagramme qui m’a éclairée sur qui je suis et sur mon fonctionnement, je reconnais la peur qui a été activée et qui a fait naitre ce gros rocher. Elle m’est familière, car c’est ma « peur première » (Enneagram Basic Fear). Ceci dit, une fois qu’elle est activée, le mal est fait, le rocher bloque la route : l’ego a sorti toutes ses défenses.

 

Grâce à l’Ennéagramme, je suis également lucide sur le besoin fondamental qui a été mis à mal, c’est mon talon d’Achille, probablement lié à une blessure que je connais bien et avec laquelle j’ai appris à vivre.

 

Ce travail de conscience de soi est une première étape. Ô merveille, cela suffit parfois pour que le rocher disparaisse… Quand cela ne suffit pas, il faut un peu de patience, sans doute le temps d'avoir fait suffisamment de pas en avant et en arrière pour en avoir « marre » et désirer de tout son être un changement, un retournement. Assez ! de ce gros rocher, Assez de ces efforts des petits muscles, assez! Ce "j'en ai marre" qui vient des profondeurs signe en fait la capitulation de l'ego : il est à genoux. Logiquement, cette capitulation laisse place à autre chose : une énergie neuve qui vient d’ailleurs. Quand on la sent arriver, la partie est déjà presque gagnée. On sent que la pierre est en train de rouler et qu’on va sortir du tombeau.

 

De fait, changement de décor total ! Le mental décroche du rocher, il dévisse et vole vers d'autres horizons, soudain beaucoup plus intéressants. Il semble qu’alors le coeur peut se libérer de ce qui l’oppressait. Les sentiments bloqués fondent et le coeur se remet à palpiter normalement. On peut reconnaitre cette étape au soulagement indicible de sentir son coeur savourer à nouveau la vie. C’est là qu’il est bon de ne pas oublier de marquer le coup avec un grand élan de gratitude devant ce qui nous a été donné.

 

Hormis l’ego, qui est notre création propre, tout nous est donné, notre vraie nature, l’Etre en nous, tout est don. Donc gratitude…

 

La seule chose qui nous revient, le seul effort à faire : capituler. 

Mais que c’est dur ! L’image qui me vient, c’est celle du clown. Il a tout déballé, son cirque est installé, il a déjà son petit effet…et soudain on lui dit que c’est inutile, on lui demande de remballer et d’éteindre la lumière. Oui c’est dur, pauvre clown…

 

Mourir à soi-même, à ce clown-là, c’est se présenter sur le tremplin pour le grand saut.

Et pas besoin de parachute ! C'est la liberté retrouvée qui nous porte.

 

 

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