Qu’ai-je appris ?

C'était il y a neuf ans, et seulement quatre mois après mon stage « Part One » à l’Enneagram Institute aux USA, que je me lançais dans une aventure qui dure toujours : enseigner l’Ennéagramme.

 

Il aura fallu ces quatre mois de travail intense pour digérer mes notes et l’essentiel de « Wisdom of the Enneagram » afin de créer un cours en français qui soit fidèle à la fois à l’enseignement précieux que j’avais reçu, et à ma propre expérience.

 

C’était pour moi un immense défi (je n’avais alors fait qu’un quart du parcours de certification, j’avais toujours été incapable de parler en public) mais je savais que pour apprendre cette matière « vitale » pour moi, ma voie était de la transmettre à d’autres. (Un souvenir me revient : ce doute à l’approche de mon premier cours, « Suis-je seulement capable de parler pendant trois heures d’affilée ? »)

 

C’était un immense défi mais aussi un de ces rares moments où vous savez que rien ne vous détournera de votre but. L’Ennéagramme, c’était mon chemin, mon appel. Et cela pour une fois était une certitude absolue.

 

Pour ceux qui connaissent les Niveaux de développement, quand j’ai découvert l’Ennéagramme dix-huit mois plus tôt, je n’étais alors pas loin du niveau six, un endroit douloureux et glissant, où on se sait dans une impasse et où le « drapeau rouge » s’agite devant vous.

 

Avec le recul je sais que c’est pour cela que l’Ennéagramme a eu un impact aussi immédiat sur moi : j’ai reçu le coup de massue dont j’avais besoin pour sortir de ma torpeur, les mécanismes de mon type étant trop évidents pour qu’ils ne me sautent pas à la figure.

 

Neuf ans plus tard, l’eau a coulé sous les ponts : je compte des centaines d’heures de cours et environ cinq cent élèves, "La Sagesse de l'Ennéagramme" existe en français…et j'ai même eu le privilège d'enseigner en prison. Mais la chose peut aussi être considérée autrement : il aura donc fallu cinq cent personnes (!) pour que j’apprenne ce que j’avais à apprendre et arriver là où je suis aujourd’hui.

 

Merci à chacun de vous de m’avoir permis de faire ce chemin, doucement mais sûrement. Merci aussi à Thierry Grandjean qui m'a toujours soutenue et encouragée…Pour chaque nouveau groupe, au grand dam de ma famille, j’ai du réécrire, pour partie, mon cours. Il fallait que je corrige le fond ou la forme chaque fois qu’une écaille me tombait des yeux.

 

Alors finalement qu’ai-je appris avec l’Ennéagramme d'utile pour ma vie ?

 

Si aujourd’hui je devais résumer l’essentiel de l’essentiel, il me semble que je dirais ceci :

  1. Même quand je suis devant quelqu’un qui me « tue » (par ses paroles, son attitude, ce qu’il a fait…) je ne suis pas meilleure que cette personne et rien de ce que traverse cette personne ne m’est étranger (voir Centre Coeur).
  2. Chaque fois que j’accueille quelque chose avec une résistance, un NON intérieur, j’ai perdu la partie ! Mon cerveau reptilien fait alors ce qu’il a à faire et je suis en état de « mort cérébrale et limbique », coincée dans mon mécanisme d’ego. Autrement dit, ce mode négatif défensif nous coupe de notre vraie nature, soit des qualités essentielles qui font notre créativité et notre « génie » humain pour vivre une situation (voir Centre Tripes).
  3. La qualité de ce que je vis et de ce que j’offre de moi au monde dépend de ma qualité de présence, de ma qualité d’«aliveness ». Comment comprendre cela ? Il y a des fleurs en tissu extrêmement bien faites, au point de croire qu’elles sont vraies. Si l'on met une de ces fausses fleurs à côté d’une vraie fleur vivante, c’est très proche et en même temps complètement différent. Il en est de même pour la différence entre moi « absente et obéissant à mon ego » et moi « présente et pleinement vivante ». Différence fondamentale qui change complètement la nature de ce que je vis et de ce que je suis. (Voir Qualités Essentielles).
  4. Je suis née et configurée pour vivre « cette présence pleinement vivante ». Cela s’appelle la vie en plénitude, ou encore le Royaume des cieux…Tout ce que je vis en deçà est vécu comme un manque, comme un exil, dans la nostalgie de cet autre « état» qui est mon droit de naissance. Et quand je vis en deçà de cette plénitude, ô misère, je prive aussi le monde de la ressource essentielle avec laquelle il peut tourner rond. Force est de constater que nous passons malheureusement beaucoup de temps à le priver souvent de cette ressource-là.
  5. Il m’appartient à moi seule de vouloir sortir de cette boite d’ego où je dors…et de désirer cela plus que tout, au point de fournir l’effort d’attention et de veille nécessaires. Cet effort se fait sur le terrain, en direct, mais il faut aussi pratiquer « en chambre » par des exercices de centrage/méditation/prière. « Coming home » est le seul effort que je dois fournir…ensuite tout est donné. Dans la plénitude, tout est grâce.
  6. Finalement chaque instant qui se présente, chaque situation, chaque nouveauté est l’occasion de pratiquer cet effort de présence et d’attention. Ma vie est mon banc d'école et les gens que je croise sont mes maitres. Parfois je suis bonne élève, parfois je ne suis pas en mesure de l’être, et je l’accepte aussi. Avec humilité.

Voici en résumé ce que l’Ennéagramme m’a permis de comprendre et d’intégrer intimement. Cela ne veut pas dire que je vis selon ces six points. Disons que c’est une lumière qui me guide sur mon chemin. Je me réjouis aussi que ces six points éclairent ma compréhension des écritures et me permettent d'avancer sur mon chemin de foi chrétienne.

 

Rien de ce que j'ai cité n'est une nouveauté : toutes les traditions religieuses et sagesses y conduisent. L’avantage avec l’Ennéagramme, c'est que l'on a une carte détaillée pour comprendre tout cela, non pas intellectuellement en écoutant les autres, mais en le lisant dans sa propre expérience et dans son être. C’est sans doute pour cela que l’Ennéagramme est un outil si puissant pour mener à la transformation. 

 

Si seulement j'avais connu cela plus tôt ! Si je dois en avoir un, c'est mon seul regret.

 

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