Je m'interroge...(version 2)

En cette fin d’année bien remplie (grâce à Zoom!), je m’interroge…

 

De l'avis général, l'Ennéagramme est assurément une connaissance qui fait du bien. Les raisons invoquées sont tout le temps les mêmes :

 

D'une part, comprendre enfin les ressorts de notre mode de fonctionnement est un sacré soulagement. D'autre part, découvrir à quel point nous avons chacun une vision et une façon d’être au monde très différente permet d'accepter l'Ostrogoth incompréhensible qui est en face de nous. Ce n'est pas un être vivant sur une autre planète, c’est un frère en humanité qui rame dans une barque similaire à la nôtre, même si sa forme et sa trajectoire sont différentes.

 

Nous avons nommé ici les deux premières bornes incontournables d’un chemin avec l’Ennéagramme.

 

Et ensuite, chemin faisant, où va-t-on ?

 

Certes, il faut tout d’abord veiller à ne pas tomber dans un premier piège possible : s’identifier à un type qui « nous va bien », c'est à dire dont le portrait colle à peu près avec le décor et ne remet pas trop en cause notre vision acceptable -et donc confortable- de nous-mêmes.

 

Heureusement, avec l’approche Riso-Hudson, le risque de tomber dans ce piège est, je pense, limité par le fait qu’on « envoie » d’abord beaucoup de lumière sur chaque type de personnalité, une lumière qui rassure et nous encourage à ouvrir grands les yeux : on se sent en sécurité. L’ego est, de facto, mis au repos et l’on peut se voir en vérité.

 

Au contraire, une approche qui consiste à mettre en relief les aspects négatifs de la personnalité en flirtant avec la caricature pour bien enfoncer le trait, conduit l’ego à vouloir se protéger et à choisir ce qui est le « moins pire » à ses yeux. Ne l’oublions pas, l’ego est avant tout un système de défense : sa mission, sauver sa peau. 

 

Le module 1 que j’anime permet ainsi à ceux qui se sentent appelés à approfondir l’Ennéagramme avec cette nouvelle approche, de parfois retrouver leur « vrai » territoire d’appartenance. Cela se fait tout seul…c’est un voile de plus qui tombe. Mais c'est aussi un nouveau grand pas en avant.

 

Ensuite il faut éviter un deuxième piège : s’identifier encore davantage à cet ego qui est maintenant à visage découvert. « Je suis comme ça, je n’y peux rien, c’est mon type de personnalité ! ». C’est vrai que c’est rassurant de se comprendre…mais cela ne veut pas dire qu'il faut se figer sur cette image. On veut se connaitre pour au contraire se désidentifier, et donc se libérer, pour avoir accès à toutes les qualités de notre être : il y en a neuf ! Neuf territoires d’être qui permettent de répondre à tous les appels de la vie.

 

Et c’est là que je m’interroge…

 

Avant l’Ennéagramme, on est identifié à ce Moi encombrant qui prend toute la place : il est en quelque sorte notre lumière, notre chemin, notre salut. En fait, il n’y a rien d’autre que cette unique référence : « je suis Moi ».

 

Après l’Ennéagramme, on est invité à ne plus s’identifier à ce Moi : « je suis Moi, OK, mais je suis encore bien davantage. »

 

Et c’est là que la dimension spirituelle entre en jeu. Ce « bien davantage » s’il n’est pas une extension du Moi, doit forcément être une expression d’un « Tout autre que moi », définition de l’Esprit avec un grand E.

 

Mais c’est aussi là que ça se complique car nous avons chacun notre ligne d’horizon. Il me semble qu'aujourd'hui les trois principales lignes d'horizon que je rencontre sont les suivantes :

 

Pour certains, ce « Tout autre que Moi » n’existe pas. Ils ont toujours appris à faire sans…

 

Pour d’autres, c’est « quelque chose » d’indéfini, une sorte d’énergie cosmique bien pratique qui n’engage pas trop, mais qui a néanmoins le mérite d’ouvrir sur « quelque chose ».

 

Pour d’autres encore, cette ligne d’horizon sera au contraire très bien définie : ce Tout autre, c’est le Christ. Christ vivant en nous à travers le souffle divin, l’Esprit de Dieu, source de l'être et de la vie qui se déploient en nous. Une ligne d’horizon définie par des siècles de tradition, mais aussi parfois par une expérience personnelle, une rencontre réelle qui a tout changé.

 

Bien-sûr, quand j’accueille mes aventuriers pour « l’exploration des neuf territoires de l’être » (Module 1), je ne leur demande jamais quel horizon ils visent en voulant sortir de ce « Je suis Moi ». D'abord parce que, selon la formule consacrée, "cela ne me regarde pas". Mais aussi parce que cela sort du champ de l’Ennéagramme. Cette connaissance est là pour nous aider à sortir la tête hors de cette fichue boite du « Je suis Moi », et c'est déjà pas mal.

 

Néanmoins, je m’interroge…

 

N’est-il pas de ma responsabilité d’enseignante de l’Ennéagramme de ne pas laisser repartir mes explorateurs sans les inviter à porter leur regard vers une ligne d’horizon « solide », qui n’est pas juste une extension confortable de la ligne du Moi ? Et de leur dire que la suite de leur chemin avec l'Ennéagramme en dépend ?

 

Je parle d’expérience. Pour ma part, j’ai franchi rapidement et allègrement les deux premières bornes mentionnées ci-dessus. Merveilleuses réalisations qui m’ont mise en mouvement. En revanche, pour les bornes suivantes, j’ai longtemps pataugé…le temps que je décide de tourner résolument mon regard vers le Christ. Et en toute logique, c’est justement l’Ennéagramme qui m’y a en quelque sorte contrainte, en m’amenant au pied du mur de cette vérité implacable : 

 

« Les problèmes de l’ego ne seront jamais résolus par l’ego et au niveau de l’ego. »

 

Autrement dit, ils ne seront pas non plus résolus par l'Ennéagramme en tant que tel...

 

Ainsi donc, à l’approche de Noël, symbole universel de la lumière qui vient éclairer nos obscurités, je veux d'abord exprimer ma gratitude à tous les chercheurs de lumière et de vérité qui m’ont accompagnée dans cette aventure (nouvelle pour moi) des sessions par zoom, et j'en profite pour vous rappeler, chers amis, ces paroles précieuses de Russ Hudson, qui nous invitent à ne pas nous arrêter après les premières bornes et surtout à lever les yeux vers un autre horizon :

 

« La connaissance de soi n’est pas une fin en soi.

C’est un pont d’embarquement pour une aventure beaucoup plus vaste. »

 

Vaste, très vaste aventure !…Car c’est de notre deuxième naissance qu’il s’agit : naissance à une vie toute autre que celle menée sous la houlette de notre ego, ce « Je suis Moi, rien que moi ». Inutile de rappeler que cette deuxième naissance, contrairement à la première, ne pourra pas se faire sans nous. D’où ce chemin sur lequel nous marchons ensemble vaillamment, en regardant très loin devant.

 

Bon et joyeux Noël à tous !

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