« Des mots qui remuent mon coeur »

On a tous eu le coeur remué, secoué, bouleversé. Il suffit parfois d'un paysage, d'un regard, de quelques mots...

 

Ce coeur remué est avant tout une "bonne nouvelle". Et pour comprendre à quel point c'est une bonne nouvelle, il faut se poser la question de ce qu'est, au juste, que ce "coeur" dont on parle.

 

Assurément, ce n'est pas la masse de tissus qui sert de "pompe" dans la poitrine et que l'on appelle communément "coeur". Le rythme de ladite pompe peut être certes perturbé par un regard, mais ce n'est qu'un effet physiologique secondaire. Il faut évidemment chercher ailleurs...

 

Il se trouve que le "coeur" désigne aussi souvent ce qui est physiquement au centre, ou ce qui est central, car le plus important… Coeur de laitue, coeur d’artichaut, coeur du village, coeur de la forêt ! On peut ainsi trouver un centre à tout ou presque.

 

Ce coeur de l’homme "remué" dont on parle peut ainsi se comprendre comme le centre, au centre du centre de l’homme... Mais, inutile de chercher le centre de l'homme dans son corps, puisque rien, finalement, n'est vraiment central : le cerveau ou le ventre sont tout aussi importants que le coeur.

 

Ainsi, quand mon "coeur" est remué, en vérité c'est le centre de « qui je suis », qui est remué…comme soudain réveillé, agité par un surcroit de vie. Et ce centre, qu'est-ce que ce peut être sinon mon être essentiel, l'essence de qui je suis ?

 

Cet être, au-delà de tout concept, est indéfinissable : chez l’autre, comme chez soi-même, on ne peut qu'en faire l'expérience quand il "remue". Alors, il résonne, il rayonne, il est vibration, énergie subtile de la vie incarnée dans un corps animé par une intelligence.

 

L’être, de fait, est une présence. Présence de la vie qui se dit à travers l’être. Présence toujours présente, parce que vivante. Ainsi, tant que l'on est en vie, on ne peut pas ne pas "être". Impossible ! Si on ne sait pas le goûter, c'est uniquement à cause de notre inattention. Déconnecté de cette "sensation" d’être, on navigue alors en s’abritant derrière l’image convenue et familière de sa personnalité, ce masque qui permet, par défaut, de donner si facilement le change au monde. 

 

Pour le monde extérieur, c'est donc ce déguisement attendu et passe-partout que l'on montre plutôt que de se laisser voir dans la nudité de son être unique. Car oser être soi-même, laisser voir ce qui fait de nous un être unique, reconnaitre et dire ce qui nous remue au coeur, est une mise à nu vertigineuse... Notamment parce qu’il faut ensuite assumer cette solitude de l’être unique qui doit se frayer un chemin dans le monde sans se trahir.

 

Accepter la transparence, se dépouiller de tout masque, de toute carapace, et se laisser voir aux autres dans cette nudité est plus qu'un dépouillement, c'est une forme d'abandon. Que de confiance il faut avoir en la vie, en l’autre - et surtout en soi - pour s'abandonner ainsi.

 

Et c’est là que l’autre joue un rôle essentiel. Tout d'abord, quand il se met lui-même à nu devant moi, l’autre m’invite à faire de même : la présence est contagieuse… Ensuite on a besoin d’un miroir bienveillant pour se voir et se reconnaitre, et le regard d’un autre peut être ce miroir. Comme si, pour être enfin soi-même, on avait besoin de cette autorisation reçue de l'extérieur : « oui tu es unique et tu es justifié d’exister et de manifester ce désir unique qui t'anime. Non seulement tu es justifié, mais tu es aimé, parce que tu es toi-même, unique, et donc infiniment précieux." 

 

Le regard de l'autre est précieux, mais l'autre bonne nouvelle est qu'il existe un autre miroir précieux qui peut aussi nous mettre sur cette voie-là, un miroir qui nous rappelle cette vérité de qui nous sommes au-delà de cette image limitée que nous avons de nous-mêmes...et son efficacité peut être tout aussi radicale !

 

Ce miroir dont je parle, bien-sûr, est l'Ennéagramme que je connais, et que j'ai le privilège d'enseigner depuis plus de dix ans.

 

Donc avis aux amateurs ! La connaissance précède toujours la conscience...c'est le premier pas : cette connaissance de l'expérience humaine offerte sur un plateau d'argent par l'Ennéagramme est un puissant accélérateur de cette conscience dont nous avons tant besoin pour faire fi de notre déguisement et vivre librement en accord avec l'être unique que nous sommes.

 

Surtout ne pas douter ! Ce qui empêche de se mettre en chemin, sans doute, est de douter de cette unicité-là.

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